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Les séances

présentielles ou distancielles

Un certain nombre d’écrivains, poètes ou encore peintres, ont été les objets d’étude des psychogénéalogistes. L’œuvre du dessinateur belge Hergé a passionné le psychiatre Serge Tisseron. Fan des albums de Tintin depuis l’enfance, et travaillant par ailleurs sur les secrets de famille, Serge Tisseron se décide à analyser l’œuvre d’Hergé. Il est en effet interpellé par certains personnages et certaines situations. Serge Tisseron met ainsi au jour un secret de filiation chez Hergé. Son premier ouvrage parait en 1985 (Tintin chez le psychanalyste, Serge Tisseron, Aubier, 1985).

Or deux biographies d’Hergé, respectivement parues en 1987 et 1988 (Avant Tintin, Hervé Springaël, Hergé, portrait biographique, Thierry Smolderen, Casterman, 1988 ), apportent une information qui valide l’hypothèse de l’auteur. Le père d’Hergé, Alexis, et son jumeau Léon, sont nés de Marie Dewigne, domestique au château de Chaumont-Gistoux (propriété de la famille Errembault de Dudzeele). Il n’est pas fait mention du père sur les actes de naissance…

Ils sont reconnus une dizaine d’années plus tard par le nouveau mari de leur mère Philippe Rémi, mariage blanc orchestré par la comtesse de Dudzeele (cf. Serge Tisseron). Une comtesse qui par ailleurs a participé financièrement à l’éducation des jumeaux, et dont ceux-ci gardent un très bon souvenir…

Quant à l’identité réelle du grand-père d’Hergé, plusieurs pistes ont été évoquées : le fils de la comtesse pour laquelle Marie travaillait, Gaston Errembault de Dudzeele. Cette piste donne du sens au comportement de la comtesse. Mais le Roi de Belgique Léopold II est également mentionné dans la légende familiale, piste que Serge Tisseron n’exclut pas non plus…

Qui que soit ce mystérieux grand-père, le mystère qui plane sur cette filiation est bien présent dans les albums de Tintin. Hergé a ainsi “utilisé son oeuvre pour exorciser les figures historiques du secret telles qu’il avait pu, enfant, les imaginer ; et également pour faire montre des interrogations qui avaient pu […] être les siennes”. L’analyse des personnages est particulièrement révélatrice de ce questionnement. En voici quelques extraits :

  • La Castafiore, première génération et gardienne du secret, qui chante systématiquement l’air des Bijoux, extrait du “Faust” de Gounod. Un opéra dans lequel elle incarne Marguerite, une jeune femme amoureuse d’un homme de condition sociale supérieure à la sienne, et qui tombe enceinte de ses œuvres. Elle est toujours accompagnée par la fidèle Irma, anagramme de Marie, prénom de la grand-mère d’Hergé…
  • Les Dupont et Dupond, ces jumeaux toujours à contretemps, qui incarnent la deuxième génération du secret, celle qui sent sans savoir. Le comportement décalé des Dupont et Dupond pourrait être le signe d’une problématique d’identité. Par ailleurs, l’orthographe différente de leur nom ne traduirait-elle pas le fait que les Dupont-d ont deux pères ?
  • Le capitaine Haddock, troisième génération du secret. Passionné, colérique, le capitaine est pris dans un tourbillon d’émotions violentes…le Whisky est son échappatoire. Lointain descendant d’un homme illustre, le chevalier de Hadoque, le capitaine est de par cette filiation propriétaire du château de Moulinsart. Il part à la rencontre de son histoire familiale dès l’album du secret de la Licorne. Nous le trouverons plus fort, plus serein dans les albums suivants. Cette fragilité, son alcoolisme, le désignent comme  cette génération pour laquelle le secret est devenu impensable. Secret qui, tel un fantôme, travaille dans l’ombre…

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